Sunday, October 4, 2009

Ces messieurs du banc public

de la place Slaveykov

L'un s'appelle Petko et l'autre Pencho et ils sont à l'entrée de la place qui porte leur nom. Rien à voir avec Don Quichotte de la Mancha et son Sancho Pacha ! Non, l'un est le fils de l'autre, donc l'autre est le père du premier...
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Depuis quand observent-ils le marché des bouquinistes, relax, tranquillement installés sur leur banc de fonte ? Je ne sais, mais ils doivent rire dans leur moustache de bronze dès que le soleil s'amuse avec leurs ombres ! Oui, parce que tout de même, ils les voient tous les jours ces pauvres bouquinistes bien courageux, qui arrivent chaque matin avec leurs lourdes caisses de bananes montées sur des diables et remplies de livres anciens ou de manuels tout neufs pour la rentrée scolaire et qui remballent chaque soir le matériel non vendu, plient les pieds des tables de fortune et débarrassent les pavés de la place que longe le tramway. Dire qu'ils se donnent tout ce mal pour des livres ! Pour de la mémoire sur papier, cette mémoire que le Petko et le Pencho ont contribué à réveiller !
Pardonnez-moi, je manque à tous mes devoirs.
Il me faut ici vous les présenter :
това са петко и пеншо славейков.

Petko Slaveykov
(1827-1895) est le père. Ecrivain, politicien et enseignant, il a tout fait pour défendre la littérature bulgare, préserver ses racines et redonner ses lettres de noblesse au folklore bulgare. Il poursuivait d'une certaine façon ce que le moine Païsiy Hilendarski avait commencé en 1762, avec son manuscrit "Histoire des Slaves bulgares", en amorçant une prise de conscience nationale et créant une véritable renaissance qu'on appela le Renouveau national bulgare. A l’époque du Réveil national, tandis que la langue bulgare commençait à être enseignée dans les écoles (vers 1840), tous les grands écrivains et poètes s’occupaient aussi de traduction. Petko Slaveykov travailla à la traduction de la Bible, par exemple.
Pencho
, le fils (1866-1912), est devenu écrivain également et a marché dans les pas de son père, en allant un peu plus loin. Ecrivain et poète, il est l'auteur de vers marqués par le Romantisme, le Symbolisme et d'autres courants voisins venant de l'Ouest à la fin du XIXème siècle. Il fut Directeur du Théâtre National Bulgare de 1908 à 1909 et de la Bibliothèque Nationale de Sofia de 1909 à 1911. On le voit toujours sur les billets de 50 lévas. Sa belle poétesse et muse Mara Belcheva apparaît en filigrane sur l'autre face, où se trouvent aussi des extraits de textes très connus de Pencho, comme la saga épique nationale de "Karsava Pesen, une chanson de sang" qui traite de la guerre turco-russe. L'envol du phoénix est l'illustration de l'un de ses recueils de poèmes.
Une chose est sûre, c'est que depuis l'an 2000, ces messieurs du banc public réalisé par le sculpteur Guéorgui Chapkunov (celui qui a aussi créé Sainte Sophie, voir ici) continuent de vivre parmi les gens et ils ne comptent plus les générations qui viennent s'asseoir près d'eux ou sur leurs genoux pour la photo souvenir.
Remarque à usage pédagogique : sur la pancarte jaune, on peut lire "учеьници ", ce qui signifie MANUELS. Depuis le 15 septembre, c'est la pleine période de la rentrée scolaire, alors le dimanche les familles viennent ici pour acheter les manuels demandés par les enseignants.
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Sur la place Slaveykov - début octobre 2009

1 comment:

  1. Une petite remarque: "Pencho" c'est la translitteration anglaise de "Пенчо". Donc "ch" cela veut dire "Ч" et pas "ш".:))

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