Saturday, October 17, 2009

L'esprit de Penone

est dans la ville !

Une puissance extraordinaire a balayé la ville dès les premières lueurs du jour. C'est comme ça que l'hiver a ouvert sa saison, cette année ! La pluie et son fidèle compagnon le vent s'étaient fixés ce 15 octobre pour se retrouver, et ils avaient choisi toutes les rues et les ruelles de la ville comme aires de jeux, et non aires de repos. Il faut dire que le vent s'était laissé aller ces derniers temps, alors il n'avait pas d'autre choix que de rattraper son "temps perdu" ( Entre nous, il venait de s'offrir du bon temps en se retirant quelques semaines de la Vallée du Vitosha). Alors, sans plus attendre, il a envoyé tous ses enfants terribles s'amuser à chatouiller les feuilles mortes des arbres en bout de course, tandis qu'il se chargeait de faire un peu de ménage, de les délester de leurs branches mortes et pour certains, de leur refaire le portrait !
A deux pas du Parlement, il s'est chargé en personne du sort d'un jeune marronnier fringant qui avait pris la liberté de s'offrir deux branches maîtresses. Fantaisie absolument inacceptable quand on sait que tout bon marronnier ordinaire ne peut en supporter qu'une ! Comme ni l'une ni l'autre ne voulait s'effacer pour laisser pousser l'autre dans toute sa puissance, c'est le vent qui a coupé court à toute négociation. Il a tranché net, et une lourde branche est tombée en grand fracas sur les dalles de ciment qui servent de trottoir par ici. La pluie a joué les inspecteurs des travaux finis et a emporté les petites branches avec leurs éclats de bois. Débordé, le vent ne pouvait pas l'aider, il avait vraiment d'autres chats à fouetter. Il est donc parti sitôt son jugement rendu, mais il a laissé quelques-uns de ses enfants assister la pluie pour terminer de balayer le lieu de la chute.

Et dans la rue, qui avait conscience du choix cornélien qui venait de se tramer ? Les voitures continuaient leur défilé, au ralenti cette fois, car la grande route en céramique jaune était glissante. Pourtant, la branche maîtresse qui a cédé, gisait là, majestueuse. Instantanément, en la découvrant, j'ai retrouvé "l'Arbre aux Voyelles", le moulage en bronze d'un chêne de 14 mètres de long que le sculpteur Giuseppe Penone a laissé dans le Jardin des Tuileries après la grande tempête de 1999.
(c) C.-A. Palagret
C'est donc avec l'esprit de Pénone que l'hiver a ouvert sa saison, cette année !

Rétrospective de Pénone à Beaubourg en 2004



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Place Alexandre II, 13 octobre 2009, 5°C.

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