Saturday, October 31, 2009

Ca s' mange pô

mais qu'est ce que c'est !

Et voilà... Pour la fête de la citrouille, toute la petite famille des coloquintes s'est rendue en délégation devant les grand-mères citrouilles qui ont séjourné quelques longues heures dans les grands fours bulgares des marchands de citrouilles cuites du marché de Graf Ignatiev. Effusion colorée et pose savoureuse pour la photo immortalisant ce grand jour !


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Graf Ignatiev Pazar, 31 octobre 2009, 6°C

Friday, October 30, 2009

Notre ascenseur

de la deuxième et demie dimension !

Je vous en avais déjà parlé ici le 15 octobre dernier. Voici un petit film pour vous donner une idée ce que ce que peut être la presque troisième dimension...

Film renversant à découvrir la tête penchée...

Très rudimentaire, il semble archaïque, puisqu'il n'a pas de double porte et que l'on voit les paliers bruts de décoffrage. Mais il fonctionne quand même, sauf que lorsqu'il est au huitième ciel, il ne veut plus s'ouvrir ni même entendre parler de retourner au septième... Il y est, il y reste, non mais !
Et nous, ses occupants réguliers, nous n'avons même plus peur !



Thursday, October 29, 2009

Le son "ou"

Leçon d'appropriation 7
Rien de tel que des moyens mnémotechniques pour retenir les choses.
Ainsi le Y correspond au son "ou" en bulgare.

Sachez qu'il est fréquent de voir les deux écritures sur les enseignes. Ceci est valable pour les endroits qui attirent la clientèle étrangère (hôtels, casino, discothèques, bars), les plaques de professionnels appartenant au monde de l'immobilier, de la finance ou du droit, les marques internationales -MacDonald est très fort- mais cela s'observe aussi sur les panneaux de signalisation des grands boulevards, des rues principales ou des directions vers les grandes villes qui entourent Sofia.
Alors, me direz-vous, comment écrit-on les noms des artistes qui passent en concert, comme ce fut récemment le cas pour Madonna, ou prochainement les ZZTop ou Sylvie Vartan ?
Leur nom est écrit dans l'écriture latine, et quelques fois en cyrillique.

Wednesday, October 28, 2009

Votre beauté, Mesdames,

m'émeut !

Je vous laisse découvrir les mille et un visages finement cachés derrière les fils, les câbles et les méandres des vieux balcons fatigués au coeur des rues sofiotes... Qui sont ces femmes ? Et si... et si la nuit, ces visages de pierre s'animaient de nouveau, retrouvaient autant de battements cardiaques que de regards retenus dans la journée. Les voilà qui sortent de leur long sommeil, battent des paupières, et par un clignement de cils orchestré se mettent à saluer la lune, leur grande confidente depuis la nuit des temps, avant de lui raconter les espoirs perdus des passants anonymes, les rêves éveillés des étourdis inconditionnels, les soupirs colorés des optimistes prisonniers de sombres soucis et les éclats de rire des amoureux troublés par un abus de bonheur. Les idées farfelues et saugrenues font aussi partie de leur récolte du jour, bien évidemment.
Plus je les découvre, plus je me dis que j'aimerais connaître cette langue du clignement de cils pour écouter -lire- leurs étranges histoires. Et vous, vous êtes-vous déjà abreuvé de leur regard ?

Tuesday, October 27, 2009

Le mari de Grabouilla

Dans la catégorie des "Marchands ambulants", je demande le Mari de Grabouilla. Pour qui ne connaît pas Grabouilla, c'est une sorcière, qui passe par la chatière du gros chat Ramina. Gourmande, elle a mangé trop de chocolat et a mal à l'estomac... Son mari, chaque fois qu'elle se prépare des cookies dans son chaudron, sort dans le grand parc de la ville. Il marche d'un bon pas et ne peut pas sourire aux enfants : il leur ferait peur avec ses dents noires. A l'inverse, il parvient à défier toutes les lois les plus savantes sur l'équilibre et le montre humblement en promenant sa vieille poussette reconvertie, adaptée et transformée en petit présentoir de balais brosse, avec manche court destiné à déblayer les feuilles d'automne ou la neige des chemins.
"De beaux balais brosse, tout neufs, tout frais paillés, qui veut de mes balais ?"

Monday, October 26, 2009

Le peintre

du billet de 5 léva (2/2)

Voici quelques-uns de ses tableaux de 1925 et 1926 :
Le Monastère de Maglen, triptique, 1924.
(gouache sur papier)

Sunday, October 25, 2009

Ivan Milev

le peintre du billet de 5 léva

Voici quelques-uns de ses tableaux de 1925 et 1926 :
"Septembre 1923" : Le départ de l'homme pour la guerre, qui quitte sa femme et son bébé (1926)

"Les réfugiés" et l'exil (1925)

"Nos mères sont toujours en noir" (1926) : Elles portent le deuil de leur enfant perdu. Du temps où les Ottomans prenaient de force les fils des familles bulgares pour les élever à la dure et les transformer en mercenaires cruels et terrifiants, les fameux bachibouzouks qui étaient chargés des razzias dans leur propre pays quand un ou deux paysans osait s'insurger contre l'ordre établi...

Plus sur cette période en allant sur ce site dédié à Ivan Milèv

Saturday, October 24, 2009

Découverte

Quel est le point commun avec toutes ces peintures ?

Son aureur : Ivan Milèv !
Dès que je suis arrivée en Bulgarie, ce que j'ai découvert avec émerveillement, ce sont les billets de banque. On les appelle les Leva/лева (du mot Lev/лев -lion,). Le lion ici est un animal vénéré pour sa force, sa grandeur et il est le symbole du pays. Il y en a partout ici, mais c'est un autre sujet à explorer ! Promis !

IVAN MILEV
Nous avions déjà fait les présentations avec Petchko sur le billet de 50 levas ici. C'est le peintre Yvan Milèv (1897 - 1927) qui illustre les billets de 5 Léva, et franchement, quel bonheur ! Je ne connaissais rien des peintres bulgares, et grâce à lui, j'ai commencé à me plonger dans l'univers du symbolisme et de l'expressionnisme bulgare. Certaines de ses peintures peuvent évoquer Egon Schiele et d'autres Klimt.
Sur le recto il y a son portrait, un détail de sa peinture "L'art et la couronne d'épines" et des extraits de ses lettres célèbres. Sur le verso sont présentés différents extraits de son oeuvre, comme "La moissonneuse", "la Madonne bulgare" et "Le mariage du Dragon".

Avec l'introduction de l'Euro et ses représentations imaginaires, on a perdu ce charme des billets d'antan. C'est en observant ces лева que j'ai réalisé combien nos figures nationales de lettrés, de peintres et de scientifiques me manquaient. Où sont nos Delacroix, Pasteur, Corneille, Cézanne, Quentin de La Tour, Pascal, Saint Exupéry ? Aucun des ponts sur nos billets actuels publiés dans les 26 pays de la Communauté n'existe ! Absolument aucun ! Ils ont tous été inventés et dessinés par ordinateur pour ne pas privilégier un pays-membre plutôt qu'un autre ! Les nouvelles générations ne ressentent pas ce manque, mais pourtant...

Chut ! Silence :
traversée discrète d'une petite nostalgie passagère...

Profitons encore un peu de ce beau billet, avant qu'il ne se fasse remplacer par l'Euro un jour de grande lessive économique !

Friday, October 23, 2009

Comme dans un rêve

Marcher dans la rue et se laisser surprendre par ce reflet !

C'est un petit bout de l'Eglise Russe Saint Nicolas aux cinq bulbes dorés à l'or fin et porteurs d'une croix orthodoxe atypique. Elle a été restaurée il y a une dizaine d'années et les feuilles d'or pour ses clochetons a été offert par le Patriarcat de Moscou. Il faut dire que cette église a été construite juste avant la 1ère guerre mondiale, à la demande d'un diplomate russe qui ne voulait pas aller prier dans d'autres églises bulgares. Construite sur les plans des églises russes du XVIème siècle, elle semble être une petite soeur balkanique de celles qui se trouvent au Kremlin.
La crypte mérite toutes les attentions ! Là repose l'Evêque Serafin (1881-1950) qui au début du XXème siècle dirigea la Sainte Eglise russe en Bulgarie. Très aimé, ce Père très pieux est sur le point d'être canonisé par les Sofiotes qui voient en lui un grand Saint Homme. D'ailleurs, près de son sacophage de marbre blanc, une boîte aux lettres (c'est moderne, maintenant !!) leur permet de glisser toutes les requêtes et prières qu'ils lui adressent...
Une croix orthodoxe pas très catholique avec son croissant de lune est plantée au sommet de chaque clocheton. Le message est clair : la foi chrétienne l'emporte sur l'Islam dont le croissant est renversé ! Sacrés Russes qui se croient tout permis, jusqu'à modifier légèrement les croix orthodoxes !

Thursday, October 22, 2009

Au parfum !

Quand je vous dis que la mondialisation présente quelques aspects positifs ! Rien de tel que de prendre des référents connus pour retenir des mots, et pour notre cas, des lettres... Voyez plutôt :
Premier constat : l'anglais s'écrit en cyrillique bulgare comme il se prononce !
Deuxième constat : c'est une "chance" pour MacDonald de s'appeler ainsi ! En effet, imaginez un peu l'horreur pour les graphistes si Mac s'était appelé Georges : le M jaune d'or reconnaissable entre mille aurait été un G (de Guéorgui) d'un côté du continent et un ж par ici !!

Pas mal, les ж. Chicken commandés en ж. Express ! Je ne sais pas s'ils ont le même goût que par chez nous, mais niveau odeurs, même combat ! Vous ne pourrez pas dire que je ne vous ai pas mis au parfum !

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Boulevard Vitosha, mi-septembre 2009, 24°C.

Wednesday, October 21, 2009

La Belle

au coeur dormant

Après le joug ottoman qui dura cinq siècles et avant de replonger dans une autre domination après la deuxième mondiale, Sofia a vécu dès qu'elle a été nommée Capitale de l'Etat bulgare en 1879 quelques belles heures du Renouveau National bulgare. Ses demeures et immeubles fin de siècle, ses ponts, quelques-uns de ses monuments qui ont traversé l'histoire et sont passés à travers les bombes, s'étaient comme endormis fin 1944, se laissant aller à la décrépitude résignée.
Si l'on oublie un instant les énormes bâtiments d'architecture stalinienne qui stigmatisent son univers telle une cicatrice de vaccin qui aurait dégénéré, et que l'on s'attarde devant certaines façades du Centre Ville, le charme d'antan renaît doucement. Ecoutez sa musique et laissez-vous bercer. D'ici 20 ans, Sofia sera sortie de la grisaille et de l'abandon. Déjà, les places et les jardins retrouvent leur respiration malgré quelques statues caractéristiques d'une époque rouge, les immeubles sont ravalés, les décorations en stuc ou en céramique restaurées et les murs accueillent à nouveau de douces couleurs, les balcons au ventre bombé sont ornementés de fer forgé complété et les clochetons et tourelles ont à nouveau toutes leurs écailles de tuiles colorées ou de cuivre rouge pour rutiler au soleil.
Petit à petit, la ville donne l'impression de se dégripper et retrouve un peu de son cachet. Son coeur se remet à battre lentement, un balbutiement qui gagne en rythme. Pourvu que rien ne l'arrête dans sa lancée et qu'avec le nouveau vent de liberté qui souffle par ici, elle ne perde pas son âme.
Nombreux sont les investisseurs qui voient en Sofia ses grandes potentialités et la manne qu'ils pourraient en tirer. Mais Sofia n'est pas à vendre et la Bulgarie ne doit pas se laisser brader non plus. Elles ont simplement besoin d'être aidées et conseillées pour se remettre sur pied, et non d'être pillées et saccagées au nom de l'économie -libérée- de marché !

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Centre ville de Sofia, début octobre 2009

Tuesday, October 20, 2009

Bienvenue à Sofia...

Quel accueil !

Quand vous descendez la grande avenue en provenance de l'aéroport, vous passez devant un immense jardin qui prend plutôt des allures de forêt que de parc. A l'entrée du Borisva Gradina, il y a une vaste place très dégagée. En fond, magnifique de sobriété dans ses lignes souples, le mont Vitosha. Au premier plan, vous regardez à plusieurs reprises l'imposante statue dressée au sommet d'un pilastre de 34 mètres de haut. L'homme, le soldat, brandit bien une mitraillette en signe de victoire ! Quand on l'aperçoit, on ne peut plus s'en défaire !
Construit en 1954 sous la conduite de Danko Mitov dans le pur style dit du Réalisme Socialiste, ce monument symbolise l'entente fraternelle entre la Bulgarie et l'Union Sociétique. Il a été élevé pour célébrer le dixième anniversaire de la "libération" de la Bulgarie par l'Armée Rouge.
" - Oui, oui, les enfants, regardez bien, c'est notre grand frère, un soldat de l'Armée Rouge qui conduit un couple de Bulgares, comme il conduira tout le peuple bulgare, vers la Terre Promise du Communisme !", voilà le genre d'explication acceptable dans les années 50 par les maîtresses qui emmenaient leur petite troupe dans les environs.

Avec ce monument de l'Armée Soviétique, vous avez là une des meilleures représentations de l'art de la propagande de tous les Balkans, où sont représentées la Paysannerie (les camarades travailleurs et travailleuses reconnaissants), l'Intelligencia et les forces armées. Tout autour, des bas-reliefs en bronze immortalisent des événements aussi importants que les combats durant la Deuxième Guerre Mondiale, la Révolution d'Octobre ou l'arrivée des troupes russes en Bulgarie chaleureusement saluées par la population locale.

Le Conseil Municipal de Sofia avait voté sa démolition en 1993. Mais c'était sans compter la ferme opposition du Parti Socialiste Bulgare et le coût même de la destruction ! Alors, il est devenu comme un phare pour les skaters et les explorateurs d'équilibre sur roues de tout poil, qui viennent là s'entraîner d'arrache-roulettes, de l'aube au crépuscule, sur les dallages qui encerclent l'endroit.

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Pametnik na Savetskata armia, début octobre 2009

Monday, October 19, 2009

Comment font-elles

en hauts talons ?

En centre-ville, les jeunes femmes bulgares peuvent défier les top modèles des plus célèbres défilés annuels. Fines, élancées, élégantes, elles sont aussi haut perchées sur des talons aiguilles pouvant atteindre les 16 cm, sinon plus, à avoir le coup de pied à la veticale face au trottoir en marchant à tout petits pas. Comment font-elles sans se tordre une cheville pour se déplacer avec de tels instruments de torture sur les trottoirs rapiécés ou pour traverser les rues défoncées ? La question reste posée...

Les revêtements de sols urbains sont d'une grande variété ici : tantôt des pavés ou des briques de céramique, tantôt un peu d'asphalte mélangé à beaucoup de cailloux, d'autres fois des dallages de béton effrités... J'ai l'impression que chaque boutique ou immeuble a la responsabilité du revêtement de son morceau de trottoir. Quant aux routes, bien souvent les pavés se sont délités après avoir opéré quelques travaux de canalisation. Etrange ! Je me dis qu'en hiver, tout sera homogénéisé grâce à l'épaisse couche de neige gelée et damée, mais cela n'en sera que plus dangereux.

Sunday, October 18, 2009

Il a neigé

sur le Mont Vitosha

Mardi, tempête de pluie en ville et de neige au sommet de Vitosha.
Mercredi, quelques sobres flocons commencèrent à virevolter dans les rues sofiotes !
Depuis, nous attendons avec impatience que la chape nuageuse qui plombe notre mont disparaisse, mais c'est difficile... Alors, voici pour le moment cet avant-goût de merveilleuse blancheur éthérée ! Suite au prochain épisode.


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Vue sur le Mont Vitosha, 14 octobre 2009, 5°C.

Saturday, October 17, 2009

L'esprit de Penone

est dans la ville !

Une puissance extraordinaire a balayé la ville dès les premières lueurs du jour. C'est comme ça que l'hiver a ouvert sa saison, cette année ! La pluie et son fidèle compagnon le vent s'étaient fixés ce 15 octobre pour se retrouver, et ils avaient choisi toutes les rues et les ruelles de la ville comme aires de jeux, et non aires de repos. Il faut dire que le vent s'était laissé aller ces derniers temps, alors il n'avait pas d'autre choix que de rattraper son "temps perdu" ( Entre nous, il venait de s'offrir du bon temps en se retirant quelques semaines de la Vallée du Vitosha). Alors, sans plus attendre, il a envoyé tous ses enfants terribles s'amuser à chatouiller les feuilles mortes des arbres en bout de course, tandis qu'il se chargeait de faire un peu de ménage, de les délester de leurs branches mortes et pour certains, de leur refaire le portrait !
A deux pas du Parlement, il s'est chargé en personne du sort d'un jeune marronnier fringant qui avait pris la liberté de s'offrir deux branches maîtresses. Fantaisie absolument inacceptable quand on sait que tout bon marronnier ordinaire ne peut en supporter qu'une ! Comme ni l'une ni l'autre ne voulait s'effacer pour laisser pousser l'autre dans toute sa puissance, c'est le vent qui a coupé court à toute négociation. Il a tranché net, et une lourde branche est tombée en grand fracas sur les dalles de ciment qui servent de trottoir par ici. La pluie a joué les inspecteurs des travaux finis et a emporté les petites branches avec leurs éclats de bois. Débordé, le vent ne pouvait pas l'aider, il avait vraiment d'autres chats à fouetter. Il est donc parti sitôt son jugement rendu, mais il a laissé quelques-uns de ses enfants assister la pluie pour terminer de balayer le lieu de la chute.

Et dans la rue, qui avait conscience du choix cornélien qui venait de se tramer ? Les voitures continuaient leur défilé, au ralenti cette fois, car la grande route en céramique jaune était glissante. Pourtant, la branche maîtresse qui a cédé, gisait là, majestueuse. Instantanément, en la découvrant, j'ai retrouvé "l'Arbre aux Voyelles", le moulage en bronze d'un chêne de 14 mètres de long que le sculpteur Giuseppe Penone a laissé dans le Jardin des Tuileries après la grande tempête de 1999.
(c) C.-A. Palagret
C'est donc avec l'esprit de Pénone que l'hiver a ouvert sa saison, cette année !

Rétrospective de Pénone à Beaubourg en 2004



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Place Alexandre II, 13 octobre 2009, 5°C.

Un peu de hauteur

pour s'affranchir
d'un quotidien pas toujours rose !
Combien de fois suis-je passée devant de ce temple d'un style néoclassique sans soupçonner que c'était là l'Opéra ! J'avais en tête le Palais Garnier et je ne pouvais pas supposer qu'un grand bâtiment avec son fronton posé sur des colonnes grecques de gabarit bien supérieur à la normale, coincé dans une petite rue étroite et déserte puisse être l'Opéra National de la ville !
Aleksandar Stamboliyski
A l'inverse, ce qui me surprenait à chaque fois, c'était l'imposante statue qui se trouvait à l'angle du bâtiment : un homme en costume grossièrement représenté dans un style communiste mais portant une moustache toute fine. Premier Ministre de 1919 à 1923, Aleksandar Stamboliyski était aussi le fondateur et chef de rang du Parti National Bulgare des Paysans. Durant son ministère, il avait promis le partage équitable des terres et la revitalisation des villages. Les cercles conservateurs ont commencé à redouter une révolte des paysans.
Alors le triste sort d'Alexandre pourrait faire partie de ces légendes cruelles et sordides comme on en découvre en Bulgarie. Il a été démis de ses fonctions, torturé, assassiné et découpé en plusieurs morceaux par ses bourreaux. Si son impressionnante statue se trouve aujourd'hui devant l'Opéra National, c'est que cette bâtisse construite en 1900 se partage l'espace avec le siège du Mouvement National des Paysans, aussi appelé Direction de l’Union Agricole Bulgare.


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A l'angle de la rue Rakovski et de la rue Vrabcha.

Friday, October 16, 2009

Zhenski Pazar

littéralement : Le marché aux femmes

Que de belles couleurs et des légumes à foison !
L'atmosphère du marché aux femmes fait penser à celle des puces de Saint Ouen. C'est le plus grand de Sofia. Permanent, il est très long et ça foisonne de partout. Les légumes et les fruits sont beaux et pas chers. On trouve de tout, et selon les périodes, il y a aussi des poteries, des fleurs, des vêtements de 2ème choix ou des pièces détachées d'appareils non identifiés. En ce moment, ce sont plutôt des balais de paille tout frais tressés, durs et bien ficelés qui aident à chasser les feuilles mortes et dans un mois la neige ! Etrangement, les gens sont calmes. Les vendeurs ne braillent pas dans tous les sens pour attirer le badaud.et les poulets vigoureux au plumage blanc sont silencieux.
Installé dans une rue en parallèle à la grande avenue Maria Louisa, dont les beaux immeubles du siècle dernier vivent pour la plupart un bon lifting, on traverse le marché aux femmes en allant d'un abri à un baraquement, d'une table sur tréteaux à deux cartons de récup. où reposent des herbes fraîches, en voyageant d'une gamme d'odeurs et de couleurs à une autre. Que de trésors d'inventivité pour exposer dans de si petits espaces autant de marchandises, qu'elle soit en vrac dans des sacs ou sur des cagettes, en pyramide derrière de petits étalages, à même le sol sur une nappe de fortune en ayant essuyé des saisons et des saisons ! On se croirait dans un souk mais à ciel ouvert, en pleine lumière ! Ce jour-là, le ciel était merveilleusement bleu et rehaussé d'or par les feuilles qui jouaient à nous protéger des clins d'oeil d'une lumière zénithale digne des Grands Jours de Beau Temps. On en oublie que les rangées de hautes maisons de la rue sont usées et fatiguées, pelées et égratignées par le temps. Certaines sont aveugles, avec des fenêtres murées, d'autres sont estropiées et il leur manque des morceaux de leurs belles décorations en stuc, qui un sphinx, qui un médaillon de tête de femme... On dirait presque de hauts paravents trompe-l'oeil que l'on utilisait sur des tournages de films de Far-West. Cependant, lorsque ces hôtels particuliers seront réhabilités, le Zhenski Pazar n'aura certainement plus la même âme d'authenticité et de bon sens.
Voyez ce poissonnier dans sa toute petite baraque bleu ciel : en guise d'enseigne, il a suspendu une énorme carpe par les ouïes à un crochet. Ici, il vaut donc mieux regarder partout autour de soi quand on marche, sinon on peut tomber nez-à-nez avec des produits frais...


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Près du Pont aux Lions - 10 octobre 2009, 18°C

Travail de

TITAN / ТИТАН

Que cette femme travaille dur !
De bon matin, la voilà en train de curer les rails du tramway sur la grande avenue Sakasov. Et elle y va avec beaucoup d'énergie, en s'aidant de son bâton de métal et son court balai de paille. Le trafic n'est nullement perturbé et quand un tramway est en approche, il la prévient d'un coup de sirène en phase de voix éraillée. Elle le laisse passer et se remet à l'ouvrage, en se penchant plus qu'il ne faut.
Réunion estivale de balayeuses dans la rue Oborichté
et répartition des tâches.

Elle fait partie de ces nombreuses femmes tsiganes qui travaillent pour l'une des nombreuses sociétés de nettoyage de la ville. Souvent, on voit écrit sur leur gilet fluo TITAN ou ASA., quand elles ne le nouent pas sous la poitrine l'été, en plein cagnard. Ici, elles balayent tout le temps, avec rapidité, que ce soit le long des trottoirs ou dans les allées des parcs. Les passants ne prêtent pas même pas attention à elles. C'est tout juste s'il ne faut pas qu'elles s'effacent sur leur passage. On dirait qu'elles font partie du décor urbain, comme les colonnes à Moris ou les poubelles à bascule. Terrible !
Réunion automnale de balayeuses,
juste après un gros coup de vent d'une bonne demi-heure.

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Rue Rakovski - 14 octobre 2009, 7°C.

Thursday, October 15, 2009

Le kiosque du parc

à l'ombre des marronniers

Si l'on n'était pas à Sofia, on pourrait facilement imaginer ce kiosque à journaux du parc municipal dans le Jardin du Luxembourg. Avec ses petites devantures en arrondi et ses agréments en fer forgé, son style évoque l'art nouveau du matériel urbain de l'époque. C'est le seul de ce genre que j'ai vu jusqu'à présent. Si l'on en croit son intitulé, il daterait de 1894 ! Il apporte un charme évident à l'endroit et distille comme un doux parfum de la Belle Epoque, vous ne trouvez pas ?


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Parc Municipal, mi-septembre 2009, 24°C.

En cyrillique bulgare

dans les textes...


Le Hobbit ou le Silmarilion de J.R.R. Tolkien, les Harry Potter... De vraies mines pour retenir que le X bulgare est le son "H" aspiré, que le petit "u" bulgare est le son "i", etc... Savourez et cliquez sur l'image pour y voir de plus près !!

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Sur le marché des bouquinistes, début octobre 2009

Notre ascenseur

est d'un type "merveilleux"
qui nous emmène tous les jours au 8ème ciel,
beaucoup mieux que le septième !

Rudimentaire mais efficace :
- 8 boutons pour 8 niveaux,
- l'installation électrique est sous le sol de la caisse,
- la caisse est tout simplement un monte-charge,
- il n'y a pas de porte intérieure,
- il y a une sorte de loquet qui retient l'ensemble et qui se déclenche à grand bruit quand ça s'élève ou ça descend,
-l'éclairage est bulgare : sur deux lampes, une fonctionne.

Pas de photo de la porte, car il faut laisser des suprises à ceux qui vont venir nous saluer. 20 ans en août 2010 que la Bulgarie s'est dégagée de ses liens trop serrés avec la Russie, mais encore beaucoup de mises à jour à opérer... Le mieux dans tout ça, c'est que ça marche !


Wednesday, October 14, 2009

La cueilleuse

au soir couchant

Cette femme fait partie de ces gens qui n'hésitent pas à récolter les graînes des fleurs qui poussent dans les massifs des jardins publics, dans les parterres devant les églises ou comme ici, sur des petits pieds de soucis qui égayent la bordure d'un café en plein air.
Est-ce pour chez elle ? Est-ce pour les revendre ? Nombreuses sont les personnes un peu âgées qui, au quotidien, patientent devant un magasin, face au marché et présentent dans leurs mains ces récoltes de graînes ou des boutures de plantes grimpantes. Elles en demandent quelques sous pour améliorer leur sort ou pour tenir... tout simplement !


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Près de l'Opéra - début octobre 2009, 22°C.

Tuesday, October 13, 2009

Le parfait attirail

du colleur d'affiches

Avec son petit tricycle orange, le colleur d'affiches papillonne de colonnes béton en murs délaissés. Il se gare à l'emporte pièce sur le trottoir défoncé, arme son balai aux poils soyeux dans une mélasse qu'il a savamment préparée dans le seau rouge et mouille à grands gestes les affichettes de théâtre, de cinéma ou de concert que l'on connaît déjà par coeur. Sans même prendre le temps de s'essuyer les mains, il repose son balai dans le seau rouge, tire un trio d'affichettes du sac plastique coincé entre les bidons de réserve d'eau et de recharge de colle dans sa carriole, et les plaque l'instant suivant en les polissant avec la brosse plus dure d'un balai sec. Il revient à son tricycle, range son matériel, vérifie que le seau rouge a toujours un bon niveau de colle et il enfourche son fidèle destrier pour l'emmener deux trottoirs plus loin, en un petit coup de pédales vigoureux, devant un nouveau mur en attente d'affiches fraîches de format A3 grand maximum.
Ensuite, c'est aux grands jours de soleil de durcir les papiers et au vent de s'amuser à les décoller, juste après une petite pluie d'orage. Alors, et alors seulement, aux entrées des parcs, les grosses colonnes de béton donnent l'impression de porter des jupons à froufrous de crépon qui entrent en concurrence avec la mouvance des feuillages abondants !

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Près de l'Université - début octobre 2009, 22°C.

Monday, October 12, 2009

Antique liberté

Du temps de Serdica, c'est-à-dire Sofia la Romaine, cette très belle mosaïque représentant une perdrix rouge dans un feuillage devait orner le sol ou les murs d'une villa aujourd'hui disparue.
Je ne sais comment, elle est parvenue à resurgir au grand jour et la voilà, prisonnière derrière une grille grossière, ou peut-être est-elle protégée des taggeurs, dans une rue sombre plus fréquentée par des voitures que des piétons. Ah, que la liberté peut coûter !



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улица враьуа - début octobre 2009, 20°C.

Sunday, October 11, 2009

Le magicien

du jardin municipal

C'était en début de matinée, du côté de la place du Théâtre. Peu fréquenté, le jardin était encore très calme et le soleil inondait l'endroit de sa lumière. Un quatuor de musiciens tsiganes s'était installé près du marchand de ballons, celui qui collectionne les sourires édentés des enfants émerveillés et enchantés de se voir remettre un peu de légèreté colorée. Ils étaient en train de décrasser quelques notes de leur tuba et violon au moment où nous traversions l'allée pour aller admirer le jeu désynchronisé des jets d'eau à la lumière. C'est là que nous avons croisé un étrange petit monsieur, en costume noir et portant chapeau. Immédiatement, il m'a renvoyé à un personnage malicieux sorti tout droit d'un conte d'Andersen et réécrit par Prévert pour Le Roi et l'Oiseau : un petit ramoneur sans sa danseuse.
(*)
Il aurait tout autant pu faire partie du prestigieux casting d'Alice au Pays des Merveilles et devenir le Gardien du Temps ? Il aurait pu être aussi un Gémini Criquet réincarné à la recherche d'une tête de bois ? Il aurait pu être enfin un Monsieur Loyal dans un cirque d'un nouveau genre où pour lui, dompter des ombres serait aussi courant que d'apprivoiser des nuages tout grognons pour son jardin en plein été. D'où venait-il ? Qui était-il ? Je n'ai vu que son gilet de satin noir aux boutons très brillants et à la hauteur de son plexus, une tête de minotaure -avec des yeux brillants également- qui réunissait les deux cordelettes de sa cravate d'une autre mode. Son visage était lisse et son regard donnait l'impression de sourire en permanence. Je l'ai laissé passer, et tandis qu'il s'éloignait, j'ai observé son beau frac noir, impeccable et sans faux-plis, son pantalon parfait, son petit chapeau rond avec un long ruban qui dansait doucement sur la nuque à chaque pas. J'étais intriguée, d'autant qu'il tenait à la main une longue baguette toute noire, toute fine, qui me faisait penser à un goupillon de ramonage.
Il est passé devant les musiciens et les a salués discrètement. Ils lui ont répondu et ont cessé de jouer, l'un d'eux a même couru vers lui pour lui caresser le dos comme s'il avait été bossu. Le petit monsieur au frac noir et à la baguette moustachue lui a souri et sans un mot a poursuivi sa marche. Je le voyais partir, alors je l'ai suivi de loin, pour essayer de comprendre qui il était, avoir un indice. J'ai tenté de le prendre en photo sans qu'il me voit, pour ne pas le gêner non plus. Il continuait de traverser le jardin. Il s'engageait sur la place du théâtre et deux jeunes filles, assises sur un banc, l'ont appelé de loin. Il s'est approché d'elles et pour chacune, a doucement posé sa main sur leur tête... Cela m'a vraiment intriguée mais j'avais aussi un peu peur. Alors je l'ai laissé partir et poursuivre son voyage.
Sa petite silhouette ramassée a disparu dans le paysage. Qui est ce petit monsieur en frac et à la baguette moustachue ? Un enchanteur, un magicien, un porte-bonheur ? Il faut que je me renseigne. Il m'a laissé une forte impression, c'est peut-être bien un des personnages du folklore des Balkans, le dompteur des ombres ou le gardien du temps ? Le ramoneur symbolique des souvenirs perdus appartenant à un peuple qui a sacrément souffert à travers les siècles ?


* Affiche du film "Le Roi et l'Oiseau", film d’animation réalisé en 1980 par Paul Grimault, dialogues de Jacques Prévert, d’après le conte La Bergère et le Ramoneur de Hans Christian Andersen.

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Place du Théâtre - 10 octobre 2009, 18°C.

Y'a d'la joie

Bonjour, bonjour les martinets !!
Eh oui, sous le ciel azuré d'octobre, les martinets dansent encore et les villas abandonnées s'embellissent d'une nouvelle manière, en accueillant dans leurs failles et craquelures de peinture des graines offertes par les vents. Ici un arbrisseau s'en donne à coeur joie sur le pignon de sa nouvelle terre d'accueil ! Il a bien raison d'en profiter, jusqu'à ce qu'un jour arrive un promoteur qui veuille restaurer la demeure et efface toute trace d'abandon.
Pourtant, certaines n'auront pas la chance d'être sauvées, ou du moins de retrouver leurs esprits premiers, si l'on observe le bras de fer qui se joue actuellement entre les pierres et la sève.



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Dans une rue perpendiculaire à la Moskovska - début octobre 2009, 23°C.


Saturday, October 10, 2009

Et ils le soutiennent

toujours !

Qui sont ces hommes et ces femmes qui soutiennent le monde au sommet d'un des nombreux clochetons qui embellissent la ville ? Ils ont été élevés là en une autre époque et ils continuent de supporter avec beaucoup d'efforts notre monde, qui tournait dans un sens il y a encore vingt ans et tourne dans un autre à présent.


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Soleil couchant derrière le théâtre municipal - début octobre 2009, 23°C.

Friday, October 9, 2009

Sur un mur gris

de San Stefano

Le mois dernier, nous avions découvert ici les affichettes annonçant la disparition de proches.
Actuellement, le mur gris de la rue San Stefano expose de nombreuses vies envolées. Il semble qu'il soit aussi d'usage de célébrer leur mémoire. Alors, il est indiqué leur date anniversaire et les piétons qui les lisent ou les aperçoivent au passage ont une pensée vers ceux qui furent.

Remarque : Cette affichette-anniversaire graphiquement intéressante témoigne de la parfaite assimilation des coutumes de ce pays, vous ne trouvez pas ?


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улича сан стефано - début octobre 2009, 23°C.