Friday, January 22, 2010

Sacré Bazar

pour trouver les galeries marchandes d'époque !

Les entrées des galeries couvertes du centre ville de Sofia sont plutôt diluées dans l'environnement. Ces "bazars" ressemblent aux souks des villes orientales. Alors, il faut se mettre dans la peau d'un aventurier-explorateur et passer au peigne fin chaque recoin de rue. Soudain, un plaisir fabuleux vous envahit : vous venez de découvrir l'orée d'une de ces antres marchandes. La traversée est une autre expérience qui ne peut malheureusement se faire en apnée intégrale car les galeries traversent souvent tout un bloc d'immeuble et communiquent d'une rue latérale à une autre.

Repérés, les shopping center de la rue Alabin ?

Exploration ; Explication...
La Galerie Moscou de la rue Alabin s'affiche en rouge sur une bannière blanche et est encadrée de deux mots phares, le Kino à gauche (cinéma) et le Bazar à droite. Mais ce n'est pas toujours le cas, alors il faut "essayer" : entrer et voir où ça mène.
A l'intérieur, dans un clair-obscur ancestral, c'est une ville dans la ville, avec une placette centrale, des artères et une kyrielle de mini-boutiques pleines à craquer (car le stock est en présentation faute de réserve en coulisses). Les devantures sont grises de poussière -produits exposés comme vitrines d'époque. Quant aux éclairages, ils entament, à n'en pas douter, leurs dernières années de service. Ainsi, les néons essoufflés envoient des SOS en morse-cyrillique et les grosses ampoules nues de 40 watts grillent leur dernier filament au-dessus des nuages bleus libérés par les vendeuses qui s'ennuient à attendre le client et qui se retrouvent devant leur petit commerce pour fumer cigarette sur cigarette avec leurs copines-vendeuses des boutiques voisines. Dans les couloirs latéraux, il y a des entrées sombres, avec des escaliers au fond et des rangées de boîtes aux lettres incroyables, des pancartes défraîchies arborant des titres comme AVOCAT ou NOTAIRE, ce qui laisse perplexe quant au dynamisme de l'office ou de l'étude.

On trouve aussi des boui-bouis qui proposent des grillades (les fameux SCARA-BIRA) ou des amuse-gueules. Sur la placette centrale, chaises et tables un peu déglinguées, sont éparpillées comme un joyeux déjeuner sur l'herbe qui aurait pris la poussière. Pourtant, des couples et des amis sirotent tranquillement leur café et fument à loisir. Il traîne par ici un peu air d'autrefois et on oublie un instant que l'on est en 2010 !
Du côté de la rue Shipka, juste après l'Université, il y a une autre caverne d'Ali Baba, dans sa formule "marchands de couleurs et tout ce qui tourne autour de ce thème, donc encadrements, livres d'art. En façade, la terrasse surélevée du "Café MontM-ART-re" fait face au Jardin des Docteurs. A l'intérieur, après plusieurs sas d'entrée, vous arrivez sur la place d'un petit village méridional, ou du moins telle est l'impression que j'en ai à chaque fois que j'y vais ! Pourtant rien dans le décor n'évoque le sud ! Cependant, il plane une nonchalance dans une demi-pénombre rehaussée de couleurs qui fusent des boutiques des Beaux-Arts réparties autour d'une place carrée agrémentée de fauteuils et canapés en skaï rescapés des années 60. Certains matins, il peut y avoir un groupe d'étudiants qui discutent avec un patriarche des arts ; d'autres fois, c'est désert ou un couple vient siffler un café ramené de la machine automatique du hall. avant de s'embrasser en mode "repeat". Pendant ce temps, isolée contre un mur, protégée par les ombres fuyantes des cloisons jaunies par la nicotine, une femme de ménage s'offre une pause cigarette terriblement parfumée.

Il faut oser entrer dans ce temple qui sur plusieurs étages abrite de petites boutiques pleines de trésors pour qui aime peindre, dessiner, créer, jongler avec les couleurs. C'est aussi là que se trouve le club des artistes-peintres bulgares. Peut-être est-ce pour cela que certains soirs, il y a autant de gens qui viennent avec une "fleur-bouquet"* à la main et qui attendent une personne que j'imagine importante à leurs yeux.

* La "fleur-bouquet" est un concept bulgare sur lequel Patatnik va se pencher prochainement...

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