Friday, February 19, 2010

137

Aujourd'hui, le 19 février 2010, cela fait 137 ans que Vassil Levski, l'initiateur du mouvement de libération nationale bulgare, est mort.Surnommé "l'Apôtre de la liberté", Vassil Levski a réussi à réunir le peuple bulgare pour se défaire de la domination ottomane. C'était une sorte de Zorro de son époque, insaisissable et comme doué du don d'ubiquité ! Il était recherché dans tout le pays par la police ottomane, mais ne cessait de se déguiser et de voyager sous toute sorte d'identité, grimé en charbonnier ou déguisé en turc ! Il parvint à mettre en place un réseau de comités clandestins dans toute la Bulgarie. Le but : la libération du pays. Véritable légende vivante, il redonne espoir au peuple et la magie, le rêve, le tout-est-possible viennent animer les foyers au milieu des chaumières. En 1871, il écrit "L'ordonnance de ceux qui travaillent pour la libération du peuple bulgare", un projet de statuts du comité.
"Si je perds, je ne perds que moi-même, si je gagne, tout le peuple va gagner."
Sur dénonciation, les policiers turcs parviennent à le capturer en décembre 1872. Jugé, il est pendu à Sofia en février 1873. Cependant, après qu'il fut pendu, on ne retrouva jamais son corps... Le mystère subsiste, comme avec Jésus que les soldats n'ont pas retrouvé après sa crucifixion.

La suite de l'Histoire ?
Trois ans après sa mort, en avril 1876, éclata une très grande insurrection, la plus importante tentative bulgare pour rejeter le joug ottoman. Cependant, elle fut écrasée avec une rare sauvagerie (on parle de 30 000 personnes –hommes, femmes et enfants– qui furent massacrées). L’Occident ne pouvait plus fermer les yeux, comme l'écrivait Victor Hugo : “Nous n’avons pas le droit de laisser des Empires qui tuent”. En 1877, la Russie déclara la guerre à l’Empire ottoman et un an plus tard, par le traité de San Stéfano, le 3 mars 1878, la Bulgarie retrouvait son autonomie dans ses frontières dites ethniques. La suite se complique et appartient encore à une autre histoire.

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Depuis les premières heures du jour, sous un soleil rutilant qui a même fait sortir le mont Vitosha de sa cachette nuageuse, les écoliers avec leur maîtresse et les badauds se rendent devant le monument du Libérateur, l'obélisque placé au carrefour de la Vassil Levski et la Sakasov, et qui fait face à la Moskovska. Il marque l'endroit où il fut pendu par la police ottomane en 1873.
Ainsi, depuis ce matin, ne cesse d'être déposé des gerbes de fleurs, des bouquets ou une fleur-bouquet sous le regard impassible du bronze de Vassil Levski, tandis que les grosses caisses de basses passent en refrain des musiques de libération. Sur les premières marches, un grand-père a improvisé un stand et vend des livrets du héros national. Les gens défilent en non-stop/нон- стоп, attendant que celui qui va déposer sa fleur, termine de se recueillir et revienne rejoindre l'attroupement. La police gère la circulation et ainsi, de nouveaux groupes d'enfants en rang bien serré peuvent traverser l'énorme carrefour pour rejoindre l'îlot endimanché.

La lumière zénithale transcendait le monument et le parait d'une touche irisée,
ne faisant que confirmer la magie du personnage,
protégé par des griffons levant docilement la patte !

Ce soir, c'est dans l'église Sainte Sophie, où une mèche de cheveu de Vassil Levski est conservée (église qui fut à nouveau consacrée après la Libération de la Bulgarie), que sera célébrée une messe en souvenir de lui, puis la procession se rendra jusqu'à son monument. Les dirigeants et les hauts membres de la ville seront présents, du chef de l’Etat Guéorgui Parvanov au premier ministre Boïko Borissov, en passant par le maire de Sofia Yordanka Fandakova et des hommes politiques importants.

Voici La Pendaison de Vassil Levski, par Christo Botev ("poète et révolutionnaire bulgare de génie, né en 1848 et mort en 1876, en fin de journée dans la montagne de Vratza, аlors qu'il était à la tête de deux cents bénévoles venus dans leur Patrie pour lutter contre l'oppression et mourir.")

O Bulgarie!
O ma mère, ô patrie chérie!
Pourquoi pleurer si tristement?
Et toi, corbeau, maudit oiseau,
Sur quel tombeau croasses-tu?

Je sais, je sais, mère, tu pleures
De te sentir en esclavage!
Ta sainte voix est impuissante,
C'est une voix dans le dèsert.

Pleure ! Lа-bas, près de Sofia,
Se dresse un gibet, je l'ai vu!
Et ton fils, l'unique entre tous
Y pend de son terrible poids.

Le corbeau hideux y croasse
Et les loups hurlent dans la plaine.
Et les vieillards implorent le ciel,
Les enfants crient, les femmes pleurent.

L'hiver chante ses mauvais airs,
Les rafales couchent les ronces.
Le froid, le gel, le désespoir
Te comblent le coeur de douleur.


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Carrefour Vassil Levski, 13 février 2010, 13°C

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